"J'ai
peur, puis j'ai pas le temps, pas l'envie, mais pas le temps, enfin je préfère
largement me balader dehors ou faire les boutiques pendant 3h même si je ne
trouve rien. Je pense que ça se comprend, non? Des fois je m'assois sur un
banc, et je pense à tous ces gens, ceux qui sont morts, ceux qui sont blessés,
torturés, frappés, je pense à eux. Je me dis que j'ai de la chance car moi, je
suis en bonne santé, et que je peux faire les boutiques, dépenser mes sous, me
faire plaisir et faire plaisir à mes proches. Je ne suis pas égoïste, car je
pense à eux, puis en même temps, je ne vais pas me priver pour des gens que je
ne connais pas, si ?
Une fois,
alors que je me baladais dans les rues de Toulouse, je suis passée devant un
collecte de sang, t'sais le truc pour sauver des vies à l'occasion, j'ai
tellement peur des aiguilles que je me suis pas arrêtée. J'ai deux phobies, les
araignées et les aiguilles, encore si on me donnait 20 000€ pour avoir pleins
d'araignées sur moi j'accepterai, mais bon là, vaincre ma peur de l'aiguille
pour rien, c'est même pas en rêve. En plus il y avait tellement de monde, et
c'était le lancement des soldes, alors si je perdais mon temps à donner mon
sang, jamais j'aurai pu avoir les produits de beauté que je voulais chez
Sephora. C'était une si belle journée, puis j'ai reçu l'appel de mon père, ma
mère venait d'avoir un accident dans un petit village de campagne, elle était transférée
d'office à l'hôpital le plus proche. J'ai rapidement terminé mes achats avant
de partir la rejoindre, une fois sur place, les médecins nous expliquaient la
complexité de la chose, tu parles moi je voulais juste qu'ils me disent que ça
aller le faire. Ma mère a un groupe sanguin différent du mien et de celui de
mon père, résultat pour la sauver il fallait au moins huit poches de sang, huit
personnes. Ils en avaient que cinq. Alors j'ai pleuré, toutes les larmes de mon
corps, jusqu'à m'en arracher les cheveux, j'ai rongé tous mes ongles. Ça devait
être une si bonne journée."
Je ne savais
pas comment introduire cet article, alors j'ai écris cela, qui résume
parfaitement bien la situation (non je n'ai pas perdu ma mère ni rien, c'est de
la fiction). J'ai 18 ans, et j'ai la phobie des prises de sang, je pleure à
cause d'une aiguille, mais j'ai peut-être sauvé une vie. J'ai donné mon sang,
j'ai vaincu ma peur pour sauver quelqu'un un inconnu qui toute sa vie essayera
peut-être de me retrouver. J'ai 18 ans, et je vais recommencer, parce que je
suis en bonne santé, parce que je suis en vie. J'ai 18 ans, et je peux enfin
aider les autres, et je le ferai jusqu'à qu'on me dise non. J'ai 18 ans, et je
réalise que même pas la moitié de la population pouvant donner son sang le
fait. J'ai 18 ans et je trouve cela scandaleux. Parce qu'aujourd’hui c’est
peut-être le voisin qui en a besoin, mais demain ça peut être un proche à vous,
votre mère, votre père, une sœur, un frère, votre meilleure amie, n’importe qui
que vous aimez.
VOUS POUVEZ
AIDER. Il y a des centres de récolte dans toute la France, vous ne devez pas
avoir peur, parce que c’est rien, au final, si ça faisait si mal personne ne le
ferait puis ça sauve des vies, c’est beau de se dire que vous pouvez changer un
peu la vie d’une personne. Perdre, une heure ou deux heures de son temps ce n’est
rien, le superbe pull chez Zara sera encore en boutique deux heures après, ou
sur internet, puis si ce n’est pas le cas, vous avez quand même un super bon
repas après. Les médecins sont gentils, vous rassurent, alors pas d’inquiétude,
pas besoin de savoir votre groupe sanguin, ou si votre arrière arrière grand
mère avait un problème sanguin, toutes les conditions sont sur un questionnaire
que l’on vous donne avant, et vous pouvez toujours faire demi tour. J’espère
que vous allez songer à donner votre sang, si c’est le cas, je vous laisse des
sites web juste en dessous.
Marine
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